Titre : | L'impératif délibératif |
Titre de série : | Rue Descartes, 63 |
Auteurs : | Loïc Blondiaux, Auteur ; Yves Sintomer, Auteur |
Type de document : | Article de revue |
Format : | Pages 28 à 38 |
Langues: | Français |
Sujets-matières : |
citoyenneté
démocratie participative |
Résumé : | Un changement idéologique accompagne les transformations actuelles des pratiques de décision dans les démocraties contemporaines. Il passe par la valorisation constante et systématique de certains thèmes : la discussion, le débat, la concertation, la consultation, la participation, le partenariat, la gouvernance...Deux phénomènes se conjuguent pour attester de la cristallisation de cette formulation nouvelle de l’idée démocratique, de ce « nouvel esprit » (Boltanski/Chiapello) de l’action publique moderne. Dans la sphère de l’action publique s’intensifie le recours à des dispositifs qui visent à impliquer une pluralité d’acteurs, au-delà de ceux classiquement habilités à décider dans le cadre du gouvernement représentatif, tandis que sont mises en place des procédures nouvelles visant à organiser les discussions entre les parties en présence. Dans la sphère académique se diffusent parallèlement des modèles qui affirment leur vocation à être repris par les acteurs. La référence à la démocratie délibérative connaît aujourd’hui un succès croissant, en particulier dans le monde anglo-saxon. Dérivée de la philosophie de Jürgen Habermas, elle avance que la norme n’est pleinement légitime que si elle est fondée sur des raisons publiques résultant d’un processus de délibération inclusif et équitable, auquel tous les citoyens peuvent participer et dans lequel ils sont conduits à coopérer librement. Une telle perspective s’oppose aussi bien aux conceptions républicaines traditionnelles, qui postulent le monopole des élus sur un intérêt général transcendant les opinions des simples citoyens, qu’aux conceptions libérales construisant de façon cumulative l’intérêt général comme simple addition ou négociation entre les intérêts particuliers. Simultanément, la notion de gouvernance fait florès. Devant la complexité croissante des sociétés modernes, elle affirme que les formes traditionnelles de gouvernement devraient céder le pas à des modes nouveaux de gouvernance, plus souples et mieux adaptés à la « société en réseau ». |
Fonds : | Courant |