Titre : | Les enjeux de la mixité et de la non-mixité (2022) |
Auteurs : | Roxane Lejeune, Auteur |
Type de document : | Article : Article de revue |
Dans : | Analyse du CPCP (N°451, Mars 2022) |
Article en page(s) : | 32 p. |
Langues: | Français |
Sujets-matières : |
égalité des genres
droits des femmes immigration |
Résumé : |
« Manifestation ségrégationniste », voire un semblant d’« apartheid ». Voici comment a été décrite une marche spécifiquement dédiée aux femmes à laquelle la secrétaire d’État à l’Égalité des genres, l’Égalité des chances et à la Diversité de l’État fédéral, Sarah Schlitz, a participé en septembre 2021. La même année, en France, c’est l’UNEF, une organisation étudiante, qui est visée pour ses réunions non mixtes entre personnes non blanches, celles-ci ont alors été qualifiées comme « L’avant-garde de l’islamo-gauchisme », une « discrimination raciale », ou encore comme des réunions qui ressemblent au fascisme.
Pourquoi tant de réactions disproportionnées ? Pourquoi tant de véhémence contre la non-mixité choisie ? Celle-ci, installée dans les milieux militants (ou non) depuis des décennies, semble toutefois questionnée aujourd’hui dans le chef des pouvoirs politiques et au travers des médias, parce qu’elle mettrait en péril la mixité et l’égalité universelle. Mais finalement, de quelle mixité parle-t-on ? Quels sont les véritables objectifs de la non-mixité choisie ? Cette dernière constitue-t-elle réellement une menace ? L’objectif de cette analyse est de dessiner les contours de ce que nous comprenons par « mixité » et « non-mixité », de tenter de comprendre en quoi la non-mixité choisie, qui tend à être dénoncée, peut apparaître comme un outil indispensable à la construction d’une mixité réelle. Ainsi, dans un premier temps, nous reviendrons sur les modalités de la mixité telle qu’elle se donne à voir dans nos imaginaires. Nous évoquerons également l’égalité qu’elle suppose. Ensuite, dans un deuxième temps, nous distinguerons la « non-mixité subie » de la « non-mixité choisie », afin de démontrer dans quelle mesure cette dernière est motivée par des objectifs d’empowerment et de sécurité, à l’inverse de la préservation du pouvoir à l’œuvre dans l’autre cas. Si certaines limites à la non-mixité choisie peuvent être identifiées, dans un troisième temps, nous tenterons d’analyser les réactions fortes portées à son encontre, tout en tentant d’esquisser les raisons qui en font un outil important d’émancipation. Tout au long de cette analyse, les propos avancés seront nourris et illustrés par une vision de terrain, au travers de notre partenariat en éducation permanente avec le GAFFI, une association bruxelloise organisant une non-mixité auprès d’un public de femmes immigrées. Les luttes féministes ne s’inscrivent pas au détriment d’autres luttes comme celles du racisme et de l’homophobie. La perceptive intégrée, intersectionnelle et collective d’un ensemble de luttes politiques et sociales est nécessaire, et nous posons le choix, au cours de cette analyse, d’opérer un focus sur la question du genre et des rapports hommes-femmes. |
Fonds : | Courant |