Titre : | La “ démocratie illibérale ” : un concept révélateur des tensions du constitutionnalisme (2023) |
Auteurs : | Aïda Manouguian, Auteur |
Type de document : | Article : Article de revue |
Dans : | Civitas Europa (n° 47, 2021/2) |
Article en page(s) : | 16 p. |
Langues: | Français |
Sujets-matières : |
état de droit
droit constitutionnel populisme illibéralisme démocratie |
Résumé : | Au XXIe siècle, en Europe, le mot de « populisme » évoque immanquablement la « démocratie illibérale », conceptualisée à la fin des années 1990 et concrétisée par la suite en Hongrie et en Pologne. Or, par-delà l’étude de ces expériences concrètes, le concept même de démocratie illibérale impose de mener une réflexion sur le sens qu’il peut revêtir en droit constitutionnel. De prime abord, la démocratie illibérale heurte profondément la pensée constitutionnelle au point que son avènement a pu réactiver la question de savoir si le peuple, au fondement même de l’idée démocratique, ne pouvait pas paradoxalement se dresser contre elle. La difficulté tient à la détermination du critère de ce que serait une « vraie » ou une « fausse » démocratie. La théorie constitutionnelle peine en effet à déterminer le sens de la démocratie : les définitions se multiplient et se juxtaposent au point de se rapporter à un ensemble hétérogène. Autrement dit, comment appréhender la démocratie illibérale quand le concept de démocratie demeure lui-même encore si confus ? L’étude de ce concept exige de s’interroger sur l’histoire de la relation de la démocratie et du libéralisme. A l’origine de l’avènement du gouvernement représentatif, se présente comme une doctrine tendant à limiter les pouvoirs. L’exaltation du pouvoir du peuple que suppose la démocratie ne peut que constituer un danger pour l’équilibre des pouvoirs et la garantie des droits – autrement dit pour l’idéal constitutionnaliste. Le constitutionnalisme ne peut qu’entrer en résistance contre la souveraineté du peuple, dans la mesure où il vise fondamentalement à définir les moyens de limiter la volonté politique. Le compromis durablement installé, à partir de la seconde partie du XIXe siècle, entre la démocratie et le gouvernement représentatif a aggravé les difficultés. À l’époque contemporaine, la démocratie ne semble pouvoir exister indépendamment de l’État de droit (dont le parachèvement semble s’être réalisé par la juridictionnalisation du droit) qui vient, pourtant, là encore la limiter. Au contraire, l’illibéralisme entend faire fi de toute limitation de la volonté populaire. Le concept de démocratie illibérale aiguise donc significativement les tensions entre démocratie et libéralisme, elles-mêmes révélatrices des conflits affectant la pensée constitutionnelle. |
Note de contenu : |
I. L’antagonisme du libéralisme et de la démocratie dans la théorie constitutionnelle classique II. Les illusions de la volonté dans la théorie constitutionnelle contemporaine |
Fonds : | Courant |