Titre : | Quand une organisation politique pense les mobilisations dans le secteur éducatif : l’Internationale socialiste en 1968 (2023) |
Auteurs : | Ismail Ferhat, Auteur |
Type de document : | Article : Article de revue |
Dans : | Parlement[s], revue d'histoire politique (n° 38, 2023/2) |
Article en page(s) : | 10 pages |
Langues: | Français |
Sujets-matières : |
étudiants (enseignement supérieur)
conflits sociaux enseignement supérieur économie syndicats et/ou associations professionnelles |
Résumé : |
Les racines de la « révolte étudiante » proviennent d’une frustration engendrée par plusieurs raisons.
La première est politique. Les militants étudiants tendent à être idéalistes, cherchant une cause à laquelle s’identifier, dans une tentative de guérir la malfaisance inhérente du monde, dont ils accusent le « système » d’être responsable. À leurs yeux, les gouvernements et presque tous les partis d’opposition (communistes inclus), dans tous les pays des blocs de l’Est et de l’Ouest, sauf Cuba et peut-être la Chine, relèvent d’une « bureaucratie » commune destinée à protéger l’ordre existant. En réponse, ces jeunes militants n’offrent pas réellement d’autres solutions que la destruction de cet ordre et considèrent la révolution comme une fin en soi. D’où l’attraction pour des positions nihilistes, car la société telle qu’elle est organisée présentement étant irréformable, la priorité des extrémistes est de la mettre à bas, probablement par la violence. Une seconde raison de frustration est économique. Dans les sociétés développées, en Occident et au Japon, les étudiants voient des personnes moins diplômées de leur propre âge obtenir des rémunérations tout à fait correctes, alors qu’eux-mêmes dépendent de l’aide familiale ou de bourses. D’où l’attirance envers un discours syndical, qui considère les étudiants comme des travailleurs, voire des syndicalistes défendant leurs droits : comme ils étudient pour le bien de la société dans son ensemble, ils ont droit à un revenu d’existence, et, s’ils ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail, ont le droit de faire grève. Une autre cause de frustration relève de l’administration et des règles de discipline de l’université. Les étudiants aujourd’hui rejettent de plus en plus l’organisation des études, et l’université elle-même. Quand il y a un système de tutorat individuel, ce problème est moins pressant, mais les difficultés s’accroissent rapidement dans les plus grandes universités, comme par exemple Berkeley ou La Sorbonne, où les rapports entre étudiants et enseignants sont largement anonymes. |
Fonds : | Courant |