Résumé :
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L’accueil des mineurs non accompagnés (MNA) suscite le débat non seulement politique et médiatique, mais également universitaire et parmi les travailleurs sociaux. L’évaluation de la minorité et de l’isolement des jeunes étrangers se déclarant mineurs cristallise les tensions. De fait, s’ils sont reconnus mineurs, les requérants sont admis durablement au sein des services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). À l’inverse, la détermination d’un âge égal ou supérieur à 18 ans entraîne leur « sortie sèche » du dispositif de premier accueil, soit un retour à la rue et un risque d’éloignement du territoire. Jusqu’au début des années 2010, les pratiques d’évaluation de l’âge des demandeurs d’asile diffèrent selon les départements qui gèrent la protection de l’enfance. Pourtant dénoncée pour son absence de pertinence scientifique et sa violence symbolique, la détermination médicale de l’âge, notamment à partir de tests osseux, est alors fréquemment utilisée [1]. En 2013, la circulaire Taubira conduit à l’homogénéisation et à la rationalisation des pratiques, en soumettant les jeunes migrants en quête du statut de MNA à la réalisation d’un entretien social [2]. Cette méthode s’est depuis progressivement imposée sur l’ensemble du territoire. Souvent salarié d’une association délégataire du service public, l’évaluateur social a pour principale mission de recueillir les repères chiffrés permettant la constitution d’un panorama biographique daté et circonstancié de la vie du jeune en vue de conforter ou non la minorité alléguée auprès de l’ASE.
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