Résumé :
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Depuis quelques années, les mots « décolonial » et « décolonialisme » ont fait leur apparition dans le débat public français : dans les tribunes, discours, essais ou encore éditoriaux divers. Ils y occupent une place très particulière, celle du mot qui divise en prétendant défendre l'unité, celle du mot qui agit en prétendant se contenter de décrire, celle de la victime contre l'ennemi qui menace. Comme nombre de titres de la collection Le mot est faible, l'objectif de l'ouvrage est d'explorer les transformations de certaines approches épistémiques contre-hégémoniques à l'échelle mondiale. Si le mouvement décolonial n'est pas le seul existant, il est sans doute l'un des plus repris actuellement, du fait de son affinité sémantique avec l'idée de décolonisation. Explorer ces nouvelles approches nécessite aussi de s'intéresser aux logiques de résistance – politiques et intellectuelles – qui s'exercent en particulier en France à leur égard. L'ouvrage tente non pas de rester neutre, mais de plaider pour un engagement académique, tout à la fois réflexif et situé, attentif à saisir à quel point et de quelle manière l'ethnocentrisme – pas seulement eurocentré – invite au binarisme. Il s'agit d'inciter à réfléchir et à rendre possible un dialogue scientifique plus large, ouvert au(x) monde(s) et à une forme d'universalité différente, qu'on l'appelle « pluriverselle » ou tout simplement « plurielle ». Stéphane Dufoix est professeur de sociologie à l'Université Paris Nanterre et membre de l'Institut universitaire de France. Il enseigne également à Sciences Po et à l'Université Paris-Cité. Ses travaux portent sur la sociologie historique des concepts et sur l'épistémologie des sciences sociales. Il co-dirige avec l'anthropologue Marie Salaün le séminaire « Vers des sciences sociales non hégémoniques ? ».
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