Titre : | Rapport Draghi : reflet d’une Europe sans puissance (2025) |
Type de document : | Article : Article de revue |
Dans : | Revue internationale et stratégique (RIS) (137, 2025/1) |
Langues: | Français |
Sujets-matières : |
Union européenne
rapport relations économiques internationales |
Résumé : | Reconnu pour son désormais célèbre « whatever it takes » lors de la crise de la zone euro en 2012, Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) entre 2011 et 2019 et ancien président du Conseil des ministres d’Italie entre 2021 et 2022, est revenu sur le devant de la scène avec un rapport intitulé The future of European competitiveness – A competitiveness strategy for Europe en septembre 2024. Entre « déclin inévitable » et « défi existentiel », le rapport Draghi, rebaptisé du nom de son auteur, pose un constat très alarmant de l’état de l’économie de l’Union européenne (UE) : l’écart de produit intérieur brut (PIB) avec les États-Unis, d’environ 15 % en 2002, s’est creusé à 30 % en 2023. Il lance un avertissement clair sur la position de l’Union dans un nouvel ordre mondial où les fondements de sa prospérité – commerce mondial en croissance, multilatéralisme, énergie bon marché – se sont effrités. L’UE subit actuellement une multitude de chocs externes – guerre à ses frontières en Ukraine, rivalité sino-américaine source d’incertitudes, résurgence des problématiques de dépendances aux matériaux critiques –, mais également internes – manque de cohésion politique et montée des partis populistes – et des dynamiques de transitions à gérer, notamment la décarbonation et la digitalisation de ses économies. D’après Mario Draghi, l’Europe ne pourra gérer objectifs et contraintes sans une hausse marquée de sa croissance, et l’auteur de proposer le lancement d’un plan d’investissement massif, à hauteur de 5 % du PIB annuel de l’Europe (800 milliards d’euros), soit l’équivalent de plusieurs fois le plan de relance européen post-Covid NextGenerationEU . L’ambition est gigantesque, car la croissance européenne ne pourra être portée par la hausse de la population active, qui devrait se réduire de 2 millions par an d’ici à 2040. L’UE a donc face à elle un immense défi relatif à la productivité mais également à l’inachèvement de certains processus d’intégration et de coopération entre les pays, qui crée des redondances et de l’inefficacité dans les dépenses publiques. En l’absence de ces efforts, l’Europe risque de ne pas pouvoir concilier ambitions écologiques, indépendance géopolitique et maintien de son modèle social. La survie économique et politique du continent reposerait ainsi sur sa capacité à innover, à décarboner et à renforcer sa sécurité. |
Fonds : | Courant |