| Titre : | Manifeste pour un DOGE de gauche (2025) |
| Auteurs : | Alexandre Pointier, Auteur |
| Type de document : | Article : Article de revue |
| Dans : | Le Grand Continent (15 octobre 2025) |
| Article en page(s) : | 9 p. ; PDF |
| Langues: | Français |
| Sujets-matières : |
gauche (science politique)
science politique Union européenne administration publique |
| Résumé : |
En 2024, Elon Musk a popularisé l’idée d’un DOGE — Department of Government Efficiency : un instrument destiné à « traquer le gaspillage » dans l’administration fédérale américaine.
En surface, la promesse est simple et connue : appliquer à l’État les méthodes radicales d’optimisation des start-ups, automatiser, supprimer les structures redondantes, réduire la taille des bureaucraties. Elle repose sur l’imaginaire libertarien qui imprègne la Silicon Valley — prolongement d’une culture anti-État analysée par Fred Turner 1. Si l’on creuse davantage, le projet est encore plus radical, puisqu’il s’agit, pour certains penseurs associés à la Silicon Valley, proches du Président Trump, d’instaurer une gouvernance technique et élitaire. Curtis Yarvin, par exemple, imagine une sorte de « monarchie technologique », un pouvoir confié aux ingénieurs ou PDG plutôt qu’aux institutions démocratiques classiques, certaines infrastructures publiques pouvant ainsi être considérées comme des « activités technologiques » à intégrer dans des modèles similaires à ceux des plateformes numériques. Le projet n’est donc pas seulement de réduire l’action de l’État sous couvert d’une réforme de l’efficacité publique, mais aussi de réécrire le contrat social au profit d’une élite technologique. En laissant à la droite populiste et aux libertariens le monopole du discours sur l’efficacité, la gauche se prive d’un levier décisif pour regagner les classes populaires. Un DOGE progressiste inverserait le paradigme libertarien : l’efficacité n’y serait pas synonyme de retrait mais de réallocation stratégique. |
| Fonds : | Courant |

