Résumé :
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« Pas intangible, ni sacré ». Qui aurait cru, il y a encore quelques années, qu’un ministre de l’Intérieur pourrait qualifier ainsi l’État de droit ? En dépit, ou peut-être en raison, de son caractère vague et ambigu, l’État de droit a longtemps fait l’objet de louanges, et pas seulement en Occident. Bien sûr, il y a toujours eu des contestations, en particulier chez les anarchistes qui refusent l’État ou chez les contre-révolutionnaires qui haïssent le droit. Mais, si « l’État de droit » peut être brandi à l’appui des politiques les plus variées, la parole dominante l’invoquait jusqu’ici comme un mantra.C’est pourquoi Pouvoirs s’arrête aujourd’hui sur les discours et les pratiques qui l’attaquent de toutes parts. Le lecteur verra ainsi à l’œuvre la montée des populismes, des gouvernements qui souhaitent s’affranchir des barrières juridiques ou mentent à leurs populations, des juristes qui voient dans l’État de droit un concept dépassé face à la crise économique ou s’en prennent aux juges et aux droits de l’homme, des médias qui invoquent la liberté d’expression pour déverser sans entrave une idéologie d’extrême droite.Il est convenu de longue date, chez les juristes universitaires, de moquer le concept d’État de droit, puisqu’il exprimerait soit un pléonasme (l’État n’est rien d’autre qu’un ordre juridique), soit une vague préférence subjective quant à la définition d’un « bon » régime politique. La virulente campagne menée contre l’État de droit a au moins le mérite de nous aider à le définir…
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